[TRIBUNE] Plan Borloo : « Faisons confiance aux pouvoirs locaux »
[TRIBUNE] Plan Borloo : « Faisons confiance aux pouvoirs locaux »
Cinq présidents de région et un président de Conseil territorial demandent au chef de l’Etat d’appuyer le plan « Vivre ensemble » de l’ancien ministre de la ville Jean-Louis BORLOO, en décentralisant.
Plan Borloo : « Faisons confiance aux pouvoirs locaux »
Le rapport Borloo « Vivre ensemble, vivre en grand » a sonné l’alerte : la France des quartiers populaires est au plus mal. De multiples fractures la traversent : elles sont urbaines, économiques, sociales, éducatives, culturelles. Le sentiment d’abandon est profond. Le malaise a saisi, depuis longtemps, les élus locaux confrontés à cette réalité qui ne cesse de se déliter. Il est urgent de faire revenir la République dans nos quartiers, afin que soient redonnées à chacun la possibilité d’y vivre bien et la chance d’y réussir sa vie. Nous appelons donc le président de la République à prendre la mesure de la situation et à passer au plus vite à l’action.
Agir pour nos quartiers, c’est d’abord renverser la table et balayer toutes les méthodes qui ont échoué. Un seul exemple, celui de la formation professionnelle : l’heure n’est plus à décider ex cathedra d’un plan national supplémentaire, mais bien d’aller chercher chaque jeune au pied de son immeuble pour l’amener vers une qualification et un métier. La République est généreuse : elle sait prendre par la main pour faire grandir et avancer.
Or, l’Etat ne sait plus mener ce genre d’actions de terrain. Les collectivités territoriales, elles, savent faire. Si l’on veut agir résolument et efficacement pour les quartiers, la mobilisation de toute la République est nécessaire. L’Etat ne pourra pas livrer seul la bataille : il devra s’adjoindre les forces et les compétences des pouvoirs locaux et des corps intermédiaires.
Nos régions sont prêtes à s’engager dans le combat. Elles espèrent être suivies par d’autres. Elles connaissent le terrain. Elles ont de l’expérience. Elles savent impulser des partenariats originaux et des dynamiques nouvelles avec les autres collectivités locales, les opérateurs publics et les entreprises. L’agilité, la capacité d’adaptation et la souplesse ne sont pas, pour elles, des vues de l’esprit : ce sont des réalités quotidiennes de leur action. Les moyens budgétaires engagés seraient bien mieux employés s’ils étaient confiés aux régions.
Nos régions sont prêtes à saisir la main tendue par « Action Logement », acteur de référence du logement social, pour œuvrer sans intermédiaire dans les territoires et gagner en efficacité. La France des quartiers populaires n’a plus les moyens de se payer le luxe de l’attente, des tergiversations et des atermoiements qui repoussent d’année en année la rénovation de logements anciens et la construction de nouveaux. Elle a besoin d’actions rapides et efficaces.
Lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme
Nos régions sont prêtes à prendre de puissantes initiatives en matière d’emploi, de politiques économiques, d’orientation de jeunes. A condition qu’on le leur permette. Le retour à la croissance nous met chaque jour au contact d’entreprises qui ne parviennent pas à recruter. Dans le même temps, des milliers de jeunes passent sous le radar de la République, sans emploi ni formation.
Nous voulons apporter des formations qualifiantes aux jeunes des quartiers, en y affectant une part significative du Plan investissement compétences et en soutenant avec agilité les entreprises disposées à s’impliquer dans ce qui relève aujourd’hui d’un vrai devoir civique. Il ne s’agit pas d’imposer aux chefs d’entreprise et aux organisations patronales un nouveau carcan de normes et de règles : il faut œuvrer avec eux, concrètement, dans chaque quartier, au cas par cas, à cette nouvelle « responsabilité sociale des entreprises ».
Nos régions sont également prêtes à aller plus loin dans la lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme : elles savent fédérer l’ensemble des acteurs concernés et agir au plus près du terrain. Elles sont prêtes à prendre toute leur place dans la mise en place de 200 quartiers d’excellence numérique.
Le rapport Borloo montre que le système actuel pêche par sa rigidité et sa lenteur, il est urgent de le décentraliser pour lui apporter la souplesse et la rapidité dont il a besoin pour être pleinement efficace.
Le 22 mai, le président de la République s’exprimera sur la nouvelle politique de la ville qu’il entend insuffler. La France a besoin, en la matière, d’une volonté, d’une direction, d’un cap. Mais c’est bien chacun de nos quartiers, dans l’épaisseur de ses spécificités urbaines, sociales, économiques, qui doit être remis localement en mouvement. Nous appelons donc le président à faire pleinement confiance aux pouvoirs locaux, c’est-à-dire aux élus de terrain, pour faire revivre le projet républicain dans les quartiers populaires.
Stéphane LENORMAND, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon
Christelle MORANÇAIS, présidente de la région Pays de la Loire
Hervé MORIN, président de la région Normandie, président de Régions de France
Renaud MUSELIER, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Valérie PECRESSE, présidente de la région Ile-de-France
Jean ROTTNER, président de la région Grand Est
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Actuellement 4 commentaire(s)
Je pense qu’il serait préférable de ne pas encore augmenter la pression fiscale, mais plutôt promouvoir le coaching entrepreneurial (films, sportswear, ..) et dépénaliser les drogues (casser le marché noir)
Les pays ayant une économie libérale ont moins de chômage. Nous sommes classés 70me/180 au niveau liberté économique, c’est une honte.