#SamuelPaty : Après la sidération, la colère.

#SamuelPaty : Après la sidération, la colère.

La colère parce que l’assassinat d’un homme, d’un enseignant, Samuel Paty n’aurait jamais du avoir lieu,

La colère parce qu’à force de compromissions multiples et largement répandues, nous avons failli,

La colère parce que ce que nous considérions comme des signaux faibles constituent en réalité des actes de complicité de guerre envers notre modèle républicain.

Nous sommes face à une crise systémique de notre Laïcité.

Systémique, parce qu’elle touche notre société de manière globale et à chaque strate.

Systémique, parce qu’elle a une portée mondiale, la France n’étant pas le seul pays touché même si elle paie à ce jour un très lourd tribu.

Systémique, parce que nous faisons face à un prosélytisme insidieux qui attaque chaque jour un peu plus notre modèle.

La réponse apportée doit être globale, ciblée et systématique. Il ne faut plus rien laisser passer. Il faut s’attaquer à toutes les formes de prosélytisme religieux sans jamais trembler. Car c’est bien ce mal qui ronge notre société. Il ne faut pas confondre la lutte pour laïcité avec la discrimination religieuse. En effet, ceux qui nous attaquent sont ceux-là même qui crient au racisme et à l’islamophobie, quand il n’y a qu’un strict respect de la laïcité.

 

En tant que fille d’immigrés, je connais ma chance d’être née en France.

Ma chance d’avoir pu étudier dans un pays de libertés.  

Ma chance d’avoir eu tant de professeurs qui en plus de me donner la connaissance, m’ont poussée à faire des études longues. Je pense à Monsieur NEBOUT qui m’a enseigné la philosophie à Sarcelles, à monsieur LAVISSE professeur de mathématiques qui m’a donné confiance en moi. Je me souviens encore de mon 1er jour en classe de terminale S au lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles, où il nous accueillait par un : « Levez-vous, je m’appelle Monsieur LAVISSE et je la serre ! ».

Je ne nie pas ce que j’ai pu vivre, de ce que j’ai pu voir, la précarité, la violence et la misère de ceux qui comme moi ont grandi dans ces grands ensembles. Mais cela m’a poussée à avancer, découvrir l’autre car nous ne pouvons nous enfermer alors même que le modèle des banlieues est déjà une forme d’isolement du reste de la société du fait d’une ségrégation ethnique et sociale, conséquence de 60 années de politiques de logement scabreuses et lâches.

Mais cela ne justifie en rien ce qui se passe dans ces quartiers, ce qui se passe dans la société. Je me souviens m’être fondue dans la masse, je ne pouvais me vêtir comme je le souhaitais au risque de me mettre en danger, l’école était mon seul salut, ma seule arme pour survivre et me sauver, pour avoir un avenir et être libre.

Mais cette époque était encore un belle époque car les années ont passé, l’échec scolaire est encore plus important que jamais et l’Islam radical comme une réponse au désespoir de ces gens s’est depuis largement répandu. Il n’est pas seulement question des prêches haineux dans certaines mosquées, mais il y a également un recul des droits de Femmes et d’Hommes. Ces Femmes qui de plus en plus se voilent pour certaines par conviction et cela nous devons le respecter, mais combien sont-elles à le faire parce qu’elles se sentent ou sont obligées. Et ces Hommes à qui on inculque des règles rétrogrades et archaïques qui les obligent à s’isoler du reste de la société. Comment alors pouvoir affirmer que nous vivons dans un pays laïque et libre ?

Il faut bien sûr être vigilant, à ne pas stigmatiser, à ne pas discriminer les personnes qui sont libres de l’exercice de leur foi. Car j’entends, je lis ici et là, que c’est l’Islam qui est le problème. Mais non, l’Islam n’est pas un problème ! Le problème vient de ceux qui utilisent la religion à des fins politiques pour dominer et assouvir leur soif de pouvoir.

Il faut du courage pour les dénoncer mais il faut aussi savoir faire preuve de discernement. L’humiliation de femmes voilées n’est pas acceptable, obliger un salarié à franciser son prénom pendant des années n’est pas non plus acceptable. Mais il est également inacceptable d’entendre un enfant de 13 ans dire que parce qu’il est athée, alors il n’est rien et doit se cacher dans son collège pour ne pas être inquiété.

Mais que s’est-il passé pour que nos enfants ne soient plus en sécurité à l’école. La foi et la pratique religieuse relèvent de la sphère privée et pourtant…Ces personnes qui se permettent de tels comportements ne reproduisent-ils pas un discours qu’ils ont reçu à la maison ?

Il nous faut combattre toute forme de prosélytisme mais également être ferme contre toute forme de discrimination. Cette problématique n’est pas sans nous ramener au massacre de la Saint-Barthélemy.  Henri IV pacifiait la France en signant l’édit de Nantes le 13 avril 1598 :

« Je veux que ceux de la religion vivent en paix en mon royaume. Il est temps que nous tous, saouls de guerre, devenions sages à nos dépens ».

Et cela doit aussi être regardé avec une hauteur de vue car ce qui nous arrive là est une forme de continuité avec ce qui a frappé l’Algérie durant la décennie noire. Refusant la république islamique, les algériens ont payé très cher leur volonté de ne pas sombrer.

Nous vivons dans un monde globalisé, les frontières physiques ne nous isolent, ni ne nous protègent car traversées notamment par les réseaux sociaux. Mais nous avons des règles et nous devons avec beaucoup de discernement lutter contre nos véritables ennemis, ceux qui refusent de vivre en paix avec les autres, ceux qui prêchent la haine, ceux qui voudraient nous défaire de notre droit conquis après des siècles de lutte : La liberté de conscience.

Ne nous y trompons pas ce n’est pas la religion musulmane qui est un problème, ce sont les fanatiques qui veulent l’utiliser comme un instrument de terreur et de domination qui sont le problème et nous devons lutter à tous les niveaux contre non seulement l’atteinte à la laïcité mais plus grave encore stopper le prosélytisme insidieux qui s’est propagé en France et dans beaucoup d’endroits dans le monde. Rappelons-le, les premières victimes sont les musulmans eux même.  

 

Quelques réponses qui pourraient être apportées :

1. Faire signer à chaque élève et aux parents d’élève une charte sur la laïcité. Cette charte indiquerait notamment que si un parent ou un enfant qui tient un discours ou un propos portant atteinte à ce principe de laïcité, il pourrait faire l’objet de poursuites. Il sera également précisé que toute forme de prosélytisme au sein de l’établissement serait sanctionnée de la même manière.

Ces poursuites quelles seraient-elles ? Il faut imaginer un dispositif par palier c’est-à-dire avec une réaction graduelle. L’atteinte à la laïcité et le prosélytisme doivent être constitutifs d’un délit au sens du droit pénal :

o   Avertissement, la 1ère fois, suivi d'une convocation des parents devant le chef de l'établissement, puis devant un élu de la République (de préférence le maire)

o   En cas de récidive, des poursuites judiciaires  seront possibles avec verbalisation. Ces poursuites relèveraient du droit pénal.

Si l’enfant a moins de 14 ans, ce sont les parents qui seraient concernés par ces poursuites, au-delà ce serait l’adolescent bien que l’amende serait due par les parents.  

2 . Mettre en place dans chaque académie, une cellule laïcité composée d’enseignants, d'avocats, de psychologues et d'assistantes sociales. Ce qui signifie que lorsqu’un professeur ou un personnel de l’éducation nationale se sent menacé, il doit pouvoir être pris en charge. S’il se sent menacé, il doit pouvoir être protégé et faire l’objet de mesures de protections immédiates. Ce dispositif s’ajouterait au dispositif de protection juridique dont bénéficient les agents de la fonction publique (article 11 de la loi 83-634 du 13 juillet 1983 et circulaire DGAFP B8 numéro 2158 du 5 mai 2008).

 

3. Créer un organisme indépendant qui puisse se constituer partie civile pour le compte d'enseignants ou de leur famille. Si un enseignant ne souhaite pas déposer plainte, alors cette association doit pouvoir avec son accord déposer plainte au nom de l’éducation nationale quand les faits sont caractérisés. Cette action nécessiterait d’ajouter un article au code de procédure pénale (sous-titre 1er: De l’action publique et de l’action civile (articles 1 à 10), en élargissant les champs des motifs qui sont actuellement possibles pour permettre à une association de se constituer partie civile au nom d’une ou plusieurs victimes).

 

4. Transformer la journée nationale de la laïcité en commémoration à la loi du 9 décembre 1905 en une semaine de la laïcité avec une programmation cadre qui pourrait être définie dans chaque académie et impliquer la région, les départements et les communes afin de partager des évènements autour de ce thème, pièces de théâtre (en expliquant par exemple l’histoire de Molière avec sa pièce « Le Tartuffe ou l’Imposteur » etc…), filmographie, lecture de textes etc….

 

5. Tout candidat à l’obtention du titre de séjour de minimum 4 ans et d’une carte de résident de 10 ans (pour la 1ère fois uniquement pas en cas de renouvellement) doit passer par un examen test sur la langue française et de l'histoire de France qui l’obligerait à répondre à des questions en lien avec l’histoire de la laïcité et l’histoire de France. Ce test serait également obligatoire pour tous les français atteignant la majorité et pourrait par exemple être intégré à la journée défense et citoyenneté.

Linda LAVOIX

Conseillère municipale et communautaire d'Enghien Les Bains


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  • Territoires 2
    a publié cette page dans Actualités 2020-10-24 21:42:31 +0200