Confinement du petit commerce : impossible de comprendre !
Confinement du petit commerce : impossible de comprendre !
Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Maine-et-Loire, Eric Grelier dénonce les modalités du confinement et s’interroge : « Que reproche-t-on au petit commerce ? Pour hériter d’un tel sort, il faut s’être rendu coupable d’une très grande faute. » Commerçant et militant en faveur de l’entrepreneuriat sur nos territoires.
« Avant toute chose il faut préciser que le sujet n’est pas de prendre position et de choisir entre le grand et le petit commerce mais bien de dénoncer la mauvaise décision du gouvernement. Le sujet est de comprendre la règle qui leur est imposée et de savoir si elle est juste, fondée et équitable. La taille ne peut être un critère de sélection car tous ces acteurs du commerce sont là pour servir les clients selon leurs besoins, leurs envies du moment, leurs capacités à acheter au prix proposé et à l’endroit où il le souhaite. »
« Le paysage commercial est vaste et doit le rester, de l’offre internet en passant par les grands magasins pour finir sous le charme des boutiques d’un centre-ville accueillant. Tout le monde peut faire son métier à condition que les injustices de traitement ne viennent condamner certains. Si nous attribuons l’ouverture des commerces à la notion de produits essentiels, il ne faut pas lister les magasins mais bien les produits concernés. »
« Les petits commerces font un 20/20 »
« Si j’ai bien compris le président de la République, nous parlons de « minimiser le risque de contamination », de ne pas « stigmatiser une catégorie », de décider de ce qui est « essentiel » et de se montrer « responsable et solidaire ». Les petits commerces font un 20/20 dans tous ces critères et pourtant il se fait recaler à l’examen ! »
« Leur petite surface fait qu’ils gèrent parfaitement le nombre de clients en magasin. Le faible nombre de clients à servir fait que ces derniers ne touchent aucun produit. Remémorisez-vous vos derniers achats dans un grand magasin ? Un vigile à l’entrée et après vous choisissez, touchez et reposez le fruit, le légume, le produit qui ne vous plaît pas. Vous déambulez, vous vous entassez devant le rayon et vous terminez devant un(e) hôte(sse) de caisse protégé(e) par un plexi. Vous remettez votre chariot à sa place et ce dernier ne fera pas l’objet de désinfection. Avouez que vous n’avez pas vu beaucoup de différences par rapport à d’habitude… Visiblement, le risque de contamination est jugé moins important quand même que dans le petit commerce. »
« Au-delà de la santé et de l’alimentation, le sujet porte sur la définition de l’essentiel ? Une grande chaîne de magasins qui vend des téléphones et de l’informatique pour répondre aux besoins du télétravail est-elle essentielle ? Les jardineries pourront rester ouvertes pour assurer l’écoulement de la production de produits vivants, pourquoi pas mais quid des fleuristes ? »
« Il faut arrêter de penser que le politique doit savoir »
« Nous n’avons rien appris du premier confinement. Il me semblait que l’exécutif avait compris que la granulométrie de la décision semblait plus judicieuse au niveau des maires et des filières professionnelles plutôt que nationale. Durant le premier confinement, les concertations locales ont apporté de nombreuses solutions dans l’accompagnement des entreprises. La France est un très grand pays. Le monde économique, et le commerce en particulier, est très vaste et divers. Les décisions unilatérales n’apportent que de la gestion d’exception et d’iniquité. Pour les accepter, il faut accepter que la concertation et le partage des compétences facilitent les décisions ; ce que le pouvoir politique ne sait pas faire. Il faut arrêter de penser que le politique doit « SAVOIR ». Il arbitre, il décide mais il doit se nourrir des bonnes informations. Pour cela, il doit faire confiance et responsabiliser. C’est aux fédérations de savoir si leurs adhérents doivent ouvrir ou non ; c’est aux maires de savoir si les trois commerces de la commune seront utiles aux habitants de la commune. La règle nationale est celle des précautions sanitaires. Est-ce au président de la république de savoir si les salons de coiffure doivent fermer ? »
« Faut-il ouvrir tous les commerces, petits et grands ? Ce n’est pas certains car pour rester ouvert, il faut des clients et si tout le monde est confiné, le nombre de clients peut être insuffisant. Dans quinze jours, nous pourrions constater la fermeture de commerces pour manque de clients. La colère et l’expression du mécontentement actuel viennent de l’iniquité des décisions. Comment expliquer à un petit commerçant qu’il n’est pas essentiel quand son concurrent qui vend la même chose l’est et cela uniquement parce qu’il est grand ? Le critère est un peu fragile pour en faire une règle, vous ne trouvez pas ? »
« C’est bien d’une mise à mort dont nous parlons »
« Comme toute industrie, le commerce évolue. Il est de la responsabilité de ses acteurs de comprendre, de s’y préparer et d’anticiper ces mutations. Reconnaissons que les commerçants peuvent montrer quelques faiblesses dans ces transitions, comme celle du numérique, de l’organisationnelle comme la notion de service ou tout simplement dans l’offre. Mais ce n’est pas une raison pour les mépriser et les condamner. »
« À l’heure où les médecins nous alertent sur le fait qu’ils vont devoir faire des choix faute de lits en nombre suffisant, les décisions de fermeture de commerces non adaptées et inéquitables décideront de qui sera condamné ou non. Comparaison déplacée me direz-vous ? Non assurément, car si certains réduisent le commerce à des prétentions mercantiles, faut-il leur rappeler que derrière chaque commerce il y a des hommes, des femmes et des familles. C’est bien de cette « mise à mort » dont nous parlons. Mesurez-vous les drames engendrés par un dépôt de bilan, la vente de la maison pour rembourser les dettes, parfois le divorce pour ne pas dire souvent. Tout se dérobe sous vos pieds et même votre dignité. Cela ne fait pas de bruit. Ces phénomènes sont discrets. Une usine qui ferme avec cent licenciements et le ministre se déplace pour les sauver ! Mais un centre-ville qui perd des milliers d’emplois en quelques années c’est inodore et tout le monde s’en fout. Préparez vos mouchoirs car vous allez pleurer. Cette attaque d’octobre 2020 laissera de profondes cicatrices ! »
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