Désertification médicale : une maladie à rapidement soigner
Désertification médicale : une maladie à rapidement soigner
Au cœur des thèmes de campagne des élections départementales, la désertification médicale. C’est un enjeu majeur des prochaines années avec une profession vieillissante et qui va devoir affronter après trois confinements, un exode urbain qui dans les faits, est plutôt un exode des Francilien dont on ne connait pas encore l'importance.
Une raréfaction des médecins surtout en zone rurale
Le vieillissement des médecins est la première explication de la désertification médicale, en effet, la profession ne compte plus les départs en retraite non-remplacés. Ainsi en 2020, 47,3% des médecins inscrits au tableau de l’ordre national des médecins avaient plus de 60 ans, ce chiffre était de 30,7% il y a dix ans. Mais la raréfaction des médecins s’effectue avant tout en zone rurale, l’association des maires ruraux de France estime qu’aujourd’hui, 9 millions de Français sont dépourvus de médecin traitant. Séverine Salgado, directrice santé à la Mutualité française alerte «Les départements où la densité médicale est la plus faible que les médecins sont aussi les plus âgés», c’est ce que confirme le Vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins, Jean-Marcel Mourgues «Les difficultés d’accès aux soins sont croissantes dans les départements les moins urbanisés, ceux à la densité médicale la plus faible et aux professionnels les plus âgés, je le ressens dans mon exercice».
Un début d’exode urbain accentuant le déséquilibre
La pandémie que nous traversons va aggraver ce déséquilibre. En effet, nombre d’urbains, surtout d’Île-de-France, veulent se mettent au vert à les possibilités qu’offre le télétravail. Les premiers effets s’observent déjà, les résidences deviennent de moins en moins secondaires, les prix des maisons à la campagne sont en fortes hausses. Cet exode urbain comme l’osent l’appeler certains géographes va apporter de nouvelles populations. Mais le phénomène étant encore impossible aujourd’hui à quantifier, les besoins en professionnels de santé en zone rurale seront encore plus perturbés ces nouvelles aspirations des urbains.
Des collectivités obligées d’intervenir
Voyant depuis longtemps le problème prendre de l’ampleur, les collectivités sont intervenues pour préserver un maillage de professionnels de santé. C’est notamment par le soutien à la création de maisons de santé pluri-professionnelle moyennant d’importantes subventions et avantages à l’installation. Ainsi depuis 2017, le nombre de maisons de santé pluri-professionnels a augmenté de 37 %. D’autres collectivités ont fait le choix de salarier des médecins, quand bien même cela ne relève pas de leurs compétences. Néanmoins, tous les rapports commandés par l’exécutif le disent, ces mesures ne seront pas suffisantes.
Le gouvernement sommé de réagir
La désertification médicale à venir est si inquiétante que le gouvernement lui aussi réagit. Les principales pistes qu’il compte faire adopter dans le projet de loi 4D (différenciation, décentralisation, déconcentration, décomplexification) se basent sur les travaux de Jean-Pierre Cubertafon, député MODEM de Dordogne, nommé par le Premier Ministre, pour répondre aux enjeux de la ruralité. Il propose notamment le concept de médecine foraine, il s’agit pour un médecin généraliste ou plus particulièrement un spécialiste, de se déplacer une journée ou une demi-journée dans des cabinets médicaux annexes, au plus proches des habitants au cœur d’un désert médical. Autre proposition émise lors de cette mission parlementaire, inclure une année professionnalisante en zone rurale pour les futurs généralistes, cette année serait l’occasion d’attirer plus de futurs praticiens hors des villes. À l’heure actuelle on ne sait pas si toutes ces propositions seront retenues dans le projet de loi, de même, l’examen au Sénat du texte sera à ne pas en douter aussi l’occasion de propositions pour enrichir l’offre de soins dans les zones les plus reculées.
Comme l’hôpital public, la médecine de proximité aujourd’hui souffre et s’affaiblit, des arbitrages et des investissements des pouvoirs publics seront nécessaires. Il faudra aussi aborder la question taboue de la liberté d’installation des praticiens, pour qu’enfin demain, on puisse trouver un généraliste ou un spécialiste sans faire comme aujourd’hui dans certains territoires, plus de 30 minutes de voiture.
Image d'illustration : Inauguration de la maison médicale de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d'Armor), en présence de Thierry Simelière, maire et vice-Président du département et d'Alain Cadec alors Président du département.
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