Le Pass Culture de l'État ne doit pas empiéter sur ceux des collectivités territoriales !

En lançant l'initiative louable du Pass Culture au niveau national, le Gouvernement ne doit pas oublier de le conjuguer intelligemment avec celui déjà existant dans les communes et les régions.

Nous en savons désormais beaucoup plus sur la forme que va prendre le Pass Culture annoncé par la ministre Françoise Nyssen et figurant comme une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017. Ce sera sous la forme d'une application mobile éditorialisée et géolocalisée que n'importe quel jeune pourra télécharger. Chaque jeune de plus de 18 ans sera crédité de 500 euros et pourra choisir l'activité culturelle de son choix proposée par l'application.

Très bien pour le fond. Mais pour la forme, un écueil va se présenter. Comme l'a affirmé la ministre de la Culture Françoise Nyssen : "Tous les acteurs culturels publics ou privés, physiques ou numériques, sont les bienvenus sur le Pass". Cela veut dire que cette initiative de l'État va empiéter sur les Pass Culture déjà effectifs au niveau régional et communal !

Si l'existence de ce Pass Culture étatique n'est bien évidemment pas contestable tant la culture est insuffisamment "consommée" chez la jeune génération, il aurait été plus judicieux de conjuguer cette initiative du ministère avec celles des collectivités. En effet, nous aurions pu imaginer un partenariat intelligent entre ces entités afin que les activités culturelles locales restent la proposition des régions et des communes tandis que les activités culturelles nationales soient proposées par le Pass Culture national !

En ne décentralisant pas l'offre culturelle, en oubliant d'associer pleinement les collectivités au projet, l'État commet une erreur. Les élus locaux ainsi que les services territoriaux en charge de la culture sont mieux placés pour trouver et associer les acteurs culturels de leur terroir. Ce maillage entre l'État et les collectivités aurait permis une offre plus diversifiée et plus étendue.

De même, afin d'élargir ce sujet, l'idéal serait d'imaginer un Pass Culture à trois niveaux : au niveau européen, dans lequel l'Union Européenne proposerait aux jeunes européens de découvrir les lieux institutionnels de l'Europe en finançant, par exemple, le trajet et l'hébergement ; au niveau national, dans lequel la France offrirait à la nouvelle génération la possibilité de visiter gratuitement des lieux nationaux (la Tour Eiffel, le musée Rodin...) ; et au niveau local avec des régions et des communes proposant des incontournables de leur terroir.

Jeanne Dubruel