Charles de Courson : "La récession, on est en plein dedans. La vraie question, c'est l'ampleur."

Charles de Courson : "La récession, on est en plein dedans. La vraie question, c'est l'ampleur."

Député du groupe Libertés et Territoires, vice-président de la commission des finances, Charles de Courson fait le point sur les coûts conséquents de cette crise pour l'État, ses conséquences, et les mesures à mettre en place pour aider les entreprises à reprendre leur activité.

 

Forte chute de l’activité dans les secteurs de l’hébergement-restauration, des matériels de transport, du commerce, de la construction et de l’agriculture, baisse de 18% de la consommation des ménages, 3,9 millions de français en chômage partiel…. le plan de soutien pour soutenir entreprises et particuliers proposé par le gouvernement à travers le projet de loi de finances rectificative et voté à l’unanimité est-il aujourd’hui à la hauteur de la crise ?

Charles de Courson : Les trois mesures votées dans la récente Loi de Finances rectificative sont destinées à soutenir les entreprises et vont dans la bonne direction. L’enveloppe de 300 milliards de prêts garantis par l’Etat à 90% a été mis en place très rapidement et, au 8 avril, 40 Milliards ont été demandés aux banques. Le chômage partiel se met en place aussi très rapidement même si les demandes qui dépassent déjà les 6,3 millions de salariés sont très supérieures aux estimations initiales (3,2 millions). Cette mesure permet aux salariés de maintenir leur niveau de vie égal à 84% du salaire net, sans jour de carence. Enfin, le Fonds de Solidarité destiné à accorder 1500 euros aux non salariés pour leur permettre de tenir en attendant la reprise de l’activité, se met en place.

 

Quand on voit que le chômage partiel représente 11 milliards d’euros au lieu des 8,5 prévus, avez-vous évaluez le coût réel de ce plan pour l’Etat ?

Le coût est essentiellement fonction de la durée du confinement ; par mois de confinement le coût pour les finances publiques, en termes de dépenses supplémentaires et en termes de pertes de recettes, est de l’ordre de 70  milliards. Pour 2 mois de confinement, le coût serait donc de 140 milliards.

 

Il faudra bien à un moment un rééquilibrage des comptes publics, comment devra-t-on s’y prendre ? Qui va payer ?

En période de crise, ce n'est pas le moment d’accroître la pression fiscale et sociale. Le coût pour les finances publiques est financé par un endettement supplémentaire à la charge des générations futures.

 

Quant à la dette de la France, elle explose. Elle pourrait s’alourdir de 150 milliards supplémentaires. Les réactions des banques centrales, de la BCE en particulier sont-elles à la hauteur ?

La dette publique de la France, à la fin 2020, avant les conséquences de la crise, devrait être de l’ordre de 2300 Milliards soit 100% du Produit Intérieur Brut. Le coût additionnel de 140 Milliards représente donc une hausse de l’ordre de 6% de notre dette publique soit une majoration de 2 000 euros par habitant.

 

Craignez-vous une récession ?

La récession, nous sommes en plein dedans ; la vraie question c’est son ampleur. On estime que la richesse créée en France en 2020 pourrait chuter de 5 à 6% pour une durée de confinement de deux mois.

 

Pour l’après confinement, faut-il mettre en place de nouveaux dispositifs, notamment pour accompagner les entreprises ? Certains parlent de la nécessité d’un plan de relance massif ?

Pour aider les entreprises à reprendre leurs  activités , il faut, avant tout, redonner confiance aux salariés pour reprendre leurs postes de travail, ce qui suppose des règles de bonnes pratiques en matière de sécurité négociées avec les partenaires sociaux établissement par établissement. En second lieu, il faut soutenir la demande des particuliers et des entreprises en facilitant le dégel de l’Epargne et en favorisant l’investissement. Espérons que ces mesures figureront dans la prochaine Loi de Finances rectificative.

 

Cette crise menace aussi les budgets 2020-2021 des collectivités locales. Le ministre en charge, Sébastien Lecornu a déjà annoncé « qu’il n’y a pas d’argent miracle » et que les collectivités seront mises à contribution. Et pourtant la baisse des ressources (CFE, TVA des régions, CVAE, DMTO, taxe de séjour ou d’aménagement….) va être très importante. Faut-il annuler la suppression de la taxe d’habitation ?

Il est trop tard pour revenir en arrière sur la suppression de la taxe d’habitation. L’impact des hausses de dépenses nouvelles et des chutes de recettes est très différent selon les catégories de collectivités locales. Les départements sont les plus impactés du fait de leurs compétences sociales et de la chute des droits de Mutation.

 

Une note interne récente de la banque Natixis intitulée « La crise du coronavirus sonne-t-elle la fin du capitalisme néo-libéral ? » avait fait beaucoup parler d’elle. Quelle est votre réaction ?

Les arguments de ceux qui défendent la théorie de la fin du capitalisme néolibéral, du fait de la crise sanitaire, ne me paraissent pas pertinents. Cette crise sanitaire est conjoncturelle et non structurelle. Qu’il faille ramener en France et en Europe certaines activités relatives aux équipements hospitaliers, ou à certains médicaments, bien sûr. Mais la déglobalisation ne sera que très partielle.

 

Enfin pour terminer, comment vivez-vous personnellement ce confinement ? Comment conciliez-vous votre mandat de député et d’élu local avec les consignes de confinement ?

Je respecte les consignes de confinement. C’est assez facile pour un célibataire vivant seul dans sa maison située dans un village rural de la Marne. Je vais tous les jours à ma permanence qui est confinée pour travailler grâce aux audioconférences, au téléphone, aux mails, etc... Et j’aide l’équipe municipale de ma commune et celle de ma communauté de commune à faire face aux très nombreuses questions qui se posent.

 

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  • Paul-Eric Dècle
    a publié cette page dans Actualités 2020-04-09 18:20:35 +0200
  • Paul-Eric Dècle
    a publié cette page dans Actualités 2020-04-09 18:20:35 +0200